Petite ville de 3000 habitants, doit son importance et son statut de chef-lieu de canton à sa situation privilégiée sur l’axe LILLE-DOUAI à mi-chemin entre deux villes. Vocable désignait à l’origine la contrée boisée et marécageuse que les Atrébates et les Nerviens considéraient comme leur frontière commune ainsi que la rivière qui traversait leur région. Plusieurs noms désignaient notre commune, « Pons de Marka », « Marque en Peule », « Marcq en Pévèle », jusqu’à la réforme administrative de 1802 où prévalut nom actuel de Pont-à-Marcq.

Occupant une position stratégique, Pont-à-Marcq se devait de posséder son château : « Le Buzelin », qui appartenait à la famille Deleplanque dont le dernier descendant Jean décéda en 1554.

Pont-à-Marcq vu passer de nombreuses troupes ennemies qui pillaient tout sur leur passage. En 1304, elle fut un point de passage important de la route vers LILLE lors de bataille de Mons-en-Pévèle. Pendant la Révolution, entre 1792 et 1793, les troupes Autrichiennes qui assiégeaient LILLE y campèrent et y commirent de nombreuses exécutions. L’église, notamment, servit de garnison, et, après les guerres de la Révolution et de l’Empire, était en piteux état. Après plusieurs projets, elle fut reconstruite en 1842 par Julien Desprez, curé, qui devint plus tard Évêque et Cardinal de Toulouse.

Enfin, plus près de nous, en Septembre 1944, les troupes Allemandes en retraite, décident de se retrancher dans notre commune pour retarder I’avance alliée. Ils y installèrent des chars et des canons de 135. Ce sont les grenadiers de la Garde Royale qui , après une très dure bataille, les délogeront. Tous les ans, les derniers acteurs de cet affrontement viennent en pèlerinage recueillir sur les lieux de leurs exploits.

Pont-à-Marcq fut de tous temps un relais hôtelier et routier. La première hôtellerie est signalée en 1284; au 17ème siècle, on y compte trois auberges et une brasserie. C’est Louvois, ministre de Louis XIV, qui y crée un relais de poste aux chevaux (il n’y en avait que quatre dans la chatellerie de Lille : Lille, Douai, Armentières, Pont-à-Marcq). En 1672 le relais est affirmé par Jean-Baptiste Mauroy ; c’est F. Bulteau, lequel donna toute une lignée de maires, qui, en 1756, édifia les bâtiments qui existent encore aujourd’hui. Le relais compta plus de trente chevaux et vit passage de Napoléon et de Louis XVIII.

Parmi les enfants illustres de Pont-à-Marcq il convient de citer Philippe-Laurent ROLAND, né en 1746, sculpteur de renom, membre de l’institut et auteur de nombreuses oeuvres parmi lesquelles la statue allégorique de la « LOI » placée sous le péristyle du Panthéon, la statue de Napoléon ornant la cour d’honneur de l’Institut, des bas reliefs dans la cour du Louvre et de nombreuses statues conservées pour la plupart dans les musées. Il fut à la Sorbonne le maître de David d’Angers. Il mourut dans son atelier en 1816.

Pont-à-Marcq sous la Révolution

Ce texte est extrait des pages concernant la Révolution de l’Histoire de Pont à Marcq écrite par l’abbé Bonnet.

 

A la veille de la Révolution, Pont à Marcq comptait 117 habitations (247 au recensement de 1932).
La diversité des états rencontrés dans l’agglomération montrait l’importance du bourg. N’y trouvait-on pas un chirurgien (Agache), un médecin (J. Heddebaut), un arpenteur (Dupire), un brasseur (Becqueville), un bourrelier (Pollet), etc …
Jean Baptiste Bacqueville, le greffier et ses frères Charles le magister, Antoine le brasseur exerçaient à Pont à Marcq depuis 6 lustres et plus quad éclata la Révolution française. Quel branle-bas soulevèrent dans les moindres populations ces élections aux bailiages, aux Etats Généraux en 1788et 1789.
Avec quelle attention furent commentées les nouvelles de Paris. On assistait à l’effondrement d’un état de choses séculaire puis à la prévisible mise en marché de directives osées.

A Pont à Marcq, le 2 Août 1789, « on avait prié pour obtenir de Dieu le calme et la tranquillité publique ». On était inquiet de ce qui s’était passé à Paris, de ce qui se passait dans l’enceinte de Lille.
Le 19 janvier 1790, après avoir été convoqués par affiches et au prône  de l’église, les gens de Marcq se réunissaient chez Antoine Bacqueville le brasseur (grand rue à l’emplacement de l’ancienne graineterie Baratte).

Là, M. Discart, curé fût sollicité d’expliquer la loi nouvelle.
A l’unanimité des suffrages, il fût élu président de cette assemblée. Il prêta avec Jean-Baptiste Bacqueville serment à la constitution du royaume et d’être fidèle à la nation et au roi. Puis on procéda à la nomination d’une municipalité. A la pluralité des suffrages, François-Marie Bulteau, maître de la poste fut élu Maire et Jean-Baptiste Becqueville, greffier, Caby et Durot officiers municipaux de la Commune de Marcq en Pévèle.

A défaut d’une maison commune ou Mairie, ce fût donc chez le brasseur que se tint l’assemblée et ce sera chez lui qu’on ira faire les déclarations d’état civil.
L’année 1791 fut marquée pas la confiscation de tout ce qui appartenait aux gens d’églises et aux émigrés.
Sur les 252 qui formaient la superficie de Pont à Marcq, 50 hectares changeaient de propriétaires en 8 ans. La nouvelle constitution obligeait curés et vicaires à faire un serment contraire à leurs engagements. Le curé de Pont à Marcq, M. Discart, s’abstint de tenir ce serment et quitta le presbytère.
En 1792, les élections communales proclamaient « Durot, Maire ».
On recruta la garde nationale : 58 membres actifs et 28 non actifs se firent inscrire.
En fin août 1792, l’invasion ennemie du territoire français qui s’exécutait dans notre région depuis 6 semaines remontant d’Orchies vers Lille se stabilisait à Pont à Marcq. Le camp autrichien était situé entre le Buzelin, la rue de la Varnelle (actuellement route d’Avelin) et la drève d’Aigremont.

« Nous n’oublierons jamais les torts que ces scélérats nous ont causés ». C’est en ces termes que commence la liste des dommages subis au cours de ce mois d’occupation autrichienne par le maire.
Les victimes de Dumouriez à Valmy et Jemmapes refoulaient les autrichiens loin de notre région mais sa défaite à Merwind en mars 1793 ramena chez nous les coalisés qui s’établissaient à Pont à Marcq.
Jusqu’au mois de juillet 1794, les batailles font rages dans notre village qui change de nombreuses fois de mains.
Le 1er juillet 1793, les prussiens venant de Cappelle font irruption dans Pont à Marcq qu’ils attaquent avec leur artillerie, les boulets endommagent une habitation, lors de la reconstitution, on remplaça les boulets dans le mur de la façade, on les y voit encore (actuellement magasin de M. Thelliez).
Le général citoyen Meunier établit l’importance du poste de Pont à Marcq et signale que souvent les fourrages manquent car on ne peut y établir un magasin suffisant. Il fait des reproches à la municipalité et demande qu’elle soit remplacée.
En réponse à cette accusation, une liste de renseignements sur la municipalité est dressée où on peut lire notamment : « J. Philippe Vasseur, 52 ans, maréchal ferrant, maire a toujours été sincère, très attaché à la Révolution ».
Mêmes notes pour d’autres notables : Lemerre, Millez, Ballinghien, Bulteau…
D’ailleurs fin décembre 1793 fonctionne « le comité de surveillance de Marcq en Pévèle » avec 12 membres sous la Présidence de Durot.
Dans notre région, la situation militaire s’améliora par suite de la victoire des Français à Tourcoing qui refoulèrent vers Lannoy et Tournai les troupes coalisées (Mai 1791).
Mais à l’est et au sud de Pont à Marcq le front ne variait guère.
Le général de la Marlière note : «  Le 1er juillet 1794, l’ennemi est venu par Cappelle au nombre de 5000 hommes avec 6 pièces d’artillerie pour enlever le poste de Pont à Marcq, les français résistèrent victorieusement aux assauts répétés de l’ennemi ».
« La conservation du poste de Pont à Marcq est une victoire journalière des soldats de la République contre l’ennemi qui ne cesse d’essayer de nous l’enlever ».
Cela montre que ces combats acharnés qui duraient depuis des mois ont causés aux habitants de Pont à Marcq : tristesses, dégâts et ruines.
La défaite que les coalisées subissaient à Fleurus éloignait à nouveau les combats mais pendant longtemps encore nos populations devaient en subir les horreurs. Les guerres de la Révolution, de l’Empire, l’occupation ennemie n’allaient pas laisser de répit dans les souffrances et l’effroi ; dans toutes les guerres qui eurent pour Théâtre l’Europe, des enfants de Pont à Marcq enrôlés trouvèrent la mort bien loin de chez eux ; parmi ceux-ci citons :
Hedebaut (Dantzig 1807), Ducatillon (Worms 1807), Gravelaine (Espagne 1809), Dubard (Italie, 1810)…